Au Somaliland, un père veuf aspire à retrouver ses enfants

Vendredi, octobre 13, 2023

Khadar, 32 ans, ne peut embrasser ses jeunes fils qu'à la fin de la semaine, lorsqu'ils lui rendent visite. Il ressent la douleur d’être séparé des deux personnes les plus importantes de sa vie. 

 

Khadar est un père célibataire. Sa femme est décédée des suites de complications médicales en 2022, un an après son mariage. Elle attendait le premier enfant du couple.  

 

Après ses funérailles, les beaux-enfants de Khadar, *Abdi, 14 ans, et *Dahir, 12 ans, ont été envoyés vivre avec leur tante. Sans une figure féminine dans sa maison, Khadar ne pourrait pas vivre avec elles. 

 

À Berbera, au Somaliland, où vit Khadar, la culture est profondément ancrée et les rôles de genre sont clairement définis. Les hommes sont responsables du bien-être financier et de la sécurité de leur famille, tandis que les femmes s'occupent des enfants et de la maison. 

 

Il existe une forte conviction selon laquelle les hommes ne possèdent pas les connaissances parentales dont les enfants ont besoin pour grandir et s’épanouir.  

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© Lydia Manteaur 

 

« La culture somalienne ne permet pas aux hommes de cuisiner ou de s'occuper des enfants », explique Khadar. « C'est ma femme qui faisait toute la cuisine. La culture croit que mes enfants ne peuvent pas survivre avec moi et qu'ils reçoivent de meilleurs soins chez leur tante. Pour pouvoir vivre avec mes enfants, je dois épouser une autre femme qui cuisinera et fera les tâches ménagères pour nous.

 

« Nous sensibilisons constamment la communauté aux pratiques culturelles qui portent atteinte aux droits des enfants et à la nécessité de les abandonner », explique Ayanle Ahmed, coordinatrice du programme de renforcement des familles de SOS Villages d'Enfants.

 

Khadar dit que la séparation a été dure pour les enfants. Il gère leurs sentiments de douleur et de peur en leur promettant de leur rendre visite souvent chez leur tante. Ils ont tous du mal à s’adapter. 

La visite hebdomadaire 

 

Abdi et Dahir rendent visite à leur père chaque semaine, toujours en uniforme scolaire – chemise jaune, short vert et sandales – tous les jeudis après l'école. Ils sont heureux de le voir et Khadar leur fait un câlin chaleureux et serré. Ils passent la nuit et repartent le lendemain. 

 

Assis sur les escaliers de leur deux pièces, Khadar regarde les cahiers de ses enfants pour évaluer leurs performances. Il leur pose des questions sur la vie à l'école et ils lui demandent quand il se mariera pour qu'ils puissent à nouveau fonder une famille. 

 

« Je conseille aux garçons de construire leur avenir en étant assidus dans leurs études », explique Khadar. « Ne jamais cesser de travailler dur dans leur éducation. Je conseillais leur mère, mais comme elle n'est plus là, je leur conseille d'être forts et de ne pas abandonner. Nous avons une bonne relation et nous nous aimons beaucoup.

 

Khadar essaie d'être fort pour les garçons, mais il a beaucoup de choses en tête. 

 

Il travaille pour une organisation communautaire locale en tant que secrétaire du comité et dispose d'un revenu mensuel de 100 dollars américains. Il y a un an, la famille a été sollicitée pour bénéficier du soutien du programme de renforcement des familles de SOS Villages d'Enfants. Avant de mourir, l'épouse de Khadar suivait une formation pour devenir soignante. 

 

Ayanle Ahmed affirme que la réunification de la famille de Khadar ne réussira que lorsqu'il gagnera suffisamment d'argent pour payer sa dot et se remariera. L'objectif principal du programme est de garder les familles ensemble.  

 

Khadar recevra une formation et un soutien continu sur la parentalité, la gestion d'une entreprise et la gestion financière. Son objectif commercial est d'ouvrir un magasin de détail dans son quartier. 

Ensemble 

 

Après avoir rattrapé leur retard, Khadar et ses fils font de longues promenades dans le quartier et rentrent chez eux pour faire la vaisselle ensemble. Khadar dit qu'il combat de nombreux sentiments douloureux et non résolus, surtout lorsqu'il est seul. 

 

« Je combat les émotions de chagrin, de colère et de solitude », dit-il. « J'ai essayé de faire la paix avec cette vie et cette routine différentes, mais cela n'a pas été facile. Parler à une assistante sociale de SOS [Villages d'Enfants] m'a aidé à alléger mon fardeau émotionnel. Ce que je souhaite vraiment, c’est que ma famille vive ensemble et jouisse d’une bonne santé.

 

*Les noms ont été modifiés pour protéger la confidentialité. 

 

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