« Femmes de SOS » : Alaa Fataftah, travailleuse sociale, SOS Palestine

Vendredi, Mars 11, 2022

Pour marquer la Journée internationale de la femme le 8 mars 2022, nous partageons une série en 5 parties mettant en vedette des « femmes de SOS » professionnelles et autonomes. Les Femmes de SOS sont des leaders et des actrices du changement. Ils démontrent la diversité des programmes SOS dans le monde et tout ce qu'il faut pour protéger et prendre soin des enfants, renforcer les familles, autonomiser les communautés et fournir une réponse d'urgence.

 

Aujourd'hui, les projecteurs sont braqués sur Alaa Fataftah, assistante sociale et coordinatrice du Programme de renforcement de la famille (FSP) avec SOS Villages d'Enfants Palestine à Bethléem et Hébron depuis 2018. Dans ce rôle, Alaa gère l'équipe FSP pour soutenir les familles vulnérables et prévenir l'éclatement de la famille - travail qui implique l'autonomisation des femmes et des filles. Dans cette interview, Alaa partage ses expériences, ses défis, son amour de son travail et sa vision d'un monde égalitaire.

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Alaa Fataftah, travailleuse sociale et coordinatrice du programme de renforcement de la famille (FSP) avec SOS Villages d'Enfants Palestine à Bethléem et Hébron

À quoi ressemblait votre vie en Palestine en tant que jeune fille ?

 

Je suis ce que je suis aujourd'hui grâce à la famille avec laquelle j'ai grandi. Mon père était militaire et ma mère étudiait l'arabe, mais elle était femme au foyer. Mes deux sœurs, quatre frères et moi avons tous reçu le soutien dont nous avions besoin d'eux. Cependant, comme tous les enfants de Palestine, nous avons souvent souffert de la stabilité politique et des craintes concernant notre sécurité et celle de notre famille. En même temps, nous faisions partie d'une niche sociale et culturelle avec des coutumes et des traditions qu'il fallait respecter.

 

Merci de partager votre parcours scolaire.

 

J'ai obtenu mon baccalauréat avec distinction en orientation et conseil psychologique de l'Université d'Hébron. Mes années universitaires ont été pleines de réalisations et de défis : des événements politiques difficiles ont parfois entraîné des fermetures de routes, j'ai donc dû parcourir de longues distances pour me rendre à mon université. Sans parler des risques élevés d'être sur le campus à une époque de troubles et de mesures militaires, qui menaçaient la vie de tout le monde à l'époque. Malgré ces moments difficiles, j'ai appris à ne pas abandonner. Des situations difficiles comme celles-ci m'ont fait prendre conscience de la valeur de l'apprentissage.

 

Je me souviens d'un moment où un ordre militaire a fermé mon université, mais même alors, nous n'avons jamais cessé d'apprendre. Nous étudiions dans des écoles voisines la nuit après le départ des élèves. Nous – ma génération et moi – croyions que la connaissance nous aiderait à construire notre avenir.

 

Juste après avoir terminé mon baccalauréat, j'ai commencé ma maîtrise, et avec le soutien solide de ma famille. Ces diplômes n'étaient pas disponibles dans ma ville, alors j'ai rejoint l'Université AL-Quds à Jérusalem. Le trajet vers et depuis mon université était long et je rentrais souvent tard à la maison. Cela ne me dérangeait pas, car je croyais que c'était la voie qui me permettrait de subvenir aux besoins de ma famille. J'ai obtenu ma maîtrise et j'espère poursuivre un doctorat à l'avenir.

 

Où travailliez-vous avant de rejoindre SOS Palestine ?

 

J'ai travaillé pendant 12 ans comme conseillère en psychologie à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine. J'ai également travaillé comme professeur à temps partiel pour deux universités palestiniennes.

 

C'est en 2013 que j'ai commencé à ressentir le besoin de développer davantage mes compétences, mon expérience et mes connaissances. J'ai donc entrepris la certification « Country Trainer on Positive Discipline in Everyday Parenting » avec l'Université du Manitoba, délivrée à Amman, en Jordanie. Le programme de discipline positive a été lancé par le Dr Joan Durrant, psychologue clinique pour enfants et professeur de sciences sociales de la famille à l'Université du Manitoba, au Canada, en partenariat avec Save the Children. Le programme rassemble ce que l'on sait sur l'optimisation du développement sain des enfants, les conclusions sur la parentalité efficace et les principes des droits de l'enfant pour donner aux parents et autres soignants un cadre pour répondre de manière constructive aux conflits avec les enfants. 

 

Après 12 ans de travail avec l'UNRWA, j'ai senti qu'il était temps de changer de direction, mais je voulais choisir ma prochaine organisation avec soin. Je savais que SOS Villages d'Enfants était une organisation professionnelle fournissant des services de qualité, j'avais donc hâte de postuler. Ce fut une très bonne décision et j'aime mon travail pour soutenir les enfants et les familles vulnérables.

 

Veuillez décrire une journée type dans votre travail.

 

Une journée de travail typique commence lorsque j'arrive à mon bureau et que je prends une tasse de café avec mes collègues. Mon équipe et moi discutons des tâches que chacun a pour la journée et de tout soutien dont il pourrait avoir besoin pour accomplir ces tâches. Certains jours je travaille au bureau, d'autres je suis sur le terrain.

 

Dans mon rôle, je fais de mon mieux pour apporter mon soutien à mon équipe et les aider à surmonter les difficultés ou les obstacles auxquels ils pourraient avoir été confrontés dans le cadre de leur travail direct avec les familles. Mes tâches comprennent également le suivi et l'évaluation de nos services pour m'assurer que nous fournissons des services de qualité aux familles. 

 

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Sécurité des femmes

 

Je coordonne également avec un réseau d'organisations communautaires pour construire un solide réseau de soutien pour les familles, afin de garantir qu'elles ont accès aux services disponibles dans leurs communautés.

 

Quels sont vos challenges quotidiens dans ce rôle ?

 

Mon rôle chez SOS Palestine implique beaucoup d'efforts pour lier les aspects humanitaires et administratifs du travail. Par exemple, il y a toujours des décisions qui doivent être prises pour le bien de l'enfant et à ce moment-là, je me rends compte que toute décision prise a aussi un côté humanitaire qui doit être pris en considération.

 

Mon rôle implique aussi une certaine difficulté à travailler avec les familles que nous renforçons. La plupart d'entre eux sont des ménages dirigés par des femmes dans une société qui impose beaucoup de limites aux femmes. Bien que leur situation soit variable, toutes ces femmes ont besoin d'un soutien pour s'occuper de leurs enfants, faute de quoi il existe un risque d'éclatement de la famille.

 

Et donc, à travers notre travail, nous essayons de donner à ces femmes les moyens de diriger leur famille, tout en préservant leur soutien sociétal et familial. Nous travaillons pour des femmes fortes, capables et acceptées socialement, et cela demande beaucoup de patience et d'efforts.

 

Qu'est-ce qui vous motive à continuer ?

 

Chaque fois que je suis confronté à une situation difficile dans le cadre de mon travail, je me souviens toujours de mon propre fils de 10 ans dont je m'occupe avec l'aide de ma famille. Je pense qu'il mérite un monde meilleur et une vie meilleure, et tout comme je veux un avenir radieux pour mon fils, je veux la même chose pour tous les autres enfants.

 

Cela me permet de continuer et je n'abandonne jamais car je crois qu'à travers ce que je fais, je contribue à un changement qui permettra à mon enfant et aux autres enfants de vivre dans la paix, le bonheur et la sécurité.

 

Veuillez partager un bon souvenir ou la meilleure journée que vous avez eue dans ce rôle.

 

Il y a tellement de bons souvenirs que j'ai, mais un souvenir qui me tient à cœur est celui d'une petite fille, pas plus de 15 ans. Son père était décédé et sa mère s'était remariée. Comme la loi locale ne permet pas à la mère d'avoir la garde de son enfant si elle décide de se remarier, la jeune fille était sous la garde de son oncle.

 

Lors d'une visite de nos travailleurs sociaux à cette nouvelle famille, la jeune fille a révélé que son oncle avait tenté de la harceler sexuellement. Nous avons immédiatement informé les autorités locales compétentes et des procédures officielles ont été entreprises pour permettre à la mère d'obtenir immédiatement la garde de la fille. Nous avons soutenu la mère et sa fille, et elle poursuit actuellement sa scolarité en toute sécurité. Cette expérience m'a appris que l'aide que nous apportons peut faire une différence extraordinaire dans la vie d'un enfant.

 

Bien que nous ne puissions pas changer les lois ou les croyances, dans ce cas, nous avons réussi à créer une exception qui a fait toute la différence dans la vie de cette fille. Je suis toujours fière du travail de notre équipe et cette expérience m'a convaincue de l'importance de notre travail et de son rôle vital dans la vie de nombreux enfants.

 

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L'équipe Alaa

 

Quels sont les principaux défis que vous voyez pour les filles et les femmes en Palestine ?

 

À mon avis, le plus grand défi auquel les filles sont confrontées est la préférence automatique donnée aux garçons par les traditions et les coutumes, et tous les comportements qui en découlent.

 

Quant aux femmes avec qui nous travaillons, je vois qu'elles assument toujours la plus grande charge d'élever leurs enfants mais en même temps, elles n'ont pas un droit égal dans la prise de décisions familiales importantes. Ce fardeau est aggravé si elle est divorcée.

 

Notre travail s'articule toujours autour de l'autonomisation de ces femmes afin de leur fournir le soutien dont elles ont besoin pour prendre leurs propres décisions.

 

À quoi ressemble un monde « égalitaire » pour vous ?

 

Pour moi, l'égalité des sexes signifie justice. Je veux un monde où les hommes et les femmes peuvent exercer leur droit égal à rivaliser équitablement sur les opportunités, et celui qui le mérite le plus obtient cette opportunité. Un monde où être une femme n'est pas une raison pour refuser ou perdre cette opportunité, et un monde où chacun se soutient, et un monde qui donne des droits là où ils sont dus.

 

sécurité d'exploitation

À propos de SOS Villages d'Enfants Palestine : SOS Villages d'Enfants Palestine est membre de la fédération SOS Villages d'Enfants. SOS Palestine travaille en coopération avec les communautés locales et les agences gouvernementales pour soutenir et autonomiser les familles marginalisées et fragiles afin de protéger les enfants, de renforcer les capacités, d'établir des projets générateurs de revenus, et également de fournir un soutien éducatif, sanitaire, psychologique et social. SOS Palestine aide également les enfants et les jeunes à s'intégrer dans la société palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza par le biais de foyers communautaires ou par leur réintégration dans leurs familles d'origine. Notamment, le village d'enfants SOS de Bethléem a été le premier village d'enfants SOS à ouvrir au Moyen-Orient en 1966. En savoir plus : www.sos-palestine.org

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfant, parrainez un village SOS ou faire un don unique. Votre soutien changera la vie des enfants orphelins, abandonnés et autres enfants vulnérables. S'il vous plaît aider aujourd'hui.