La lutte contre la violence sexiste maintient les filles à l’école dans les zones rurales du Togo
Adjoua* n'avait que 16 ans lorsqu'elle a été agressée sexuellement par un camarade de classe et est tombée enceinte. La réaction immédiate d'Adjoua a été d'abandonner l'école et, malheureusement, cette réponse n'est pas inhabituelle.
«Je me sentais gêné et honteux. Je ne voulais pas que mes camarades de classe me voient enceinte.
Les données recueillies par SOS Villages d'Enfants à Atakpamè, au centre du Togo, montrent que les grossesses d'adolescentes conduisant à l'abandon scolaire ne sont pas rares. Au cours de l'année scolaire 2021-2022, 363 grossesses ont été enregistrées dans les établissements d'enseignement secondaire de la région, avec 163 filles abandonnant leurs études.
© Jessica Tradati
Lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants
En 2020, SOS Villages d'Enfants a lancé le projet de Lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants dans la région d'Atakpamè. Jusqu'à présent, le projet a fourni des soins médicaux et psychologiques gratuits à plus de 250 filles âgées de 11 à 22 ans et a organisé des séances d'apprentissage avec des élèves de nombreuses écoles primaires et secondaires. Le projet a également développé des programmes éducatifs diffusés sur les stations de radio locales, où des sujets sur les abus sexuels et l'éducation sexuelle sont abordés par des conférenciers invités.
Afevi Kodzogan, coordinateur du projet SOS Villages d'Enfants, affirme qu'il est essentiel de sensibiliser et d'informer les communautés sur les dommages durables causés par les abus sexuels.
« Ce projet informe les personnes et les communautés sur ce que les victimes d'exploitation sexuelle doivent endurer, ce qui contribue à réduire la stigmatisation tout en aidant [les victimes] à retrouver confiance et espoir de vivre. »
Au niveau communautaire, le projet appuie la mise en place de comités de protection de l'enfance, présidés par un président et deux supernagan (tante maternelle, en langue Mina du Togo), qui sont des personnalités féminines influentes désignées par la communauté pour la communauté, à qui les filles peuvent s'adresser pour toute question personnelle.
Obtenir une éducation
Conseillé par les dirigeants communautaires et les supernagan, Adjoua a finalement décidé de ne pas quitter l'école. «Maintenant, je me sens mieux et j'aimerais que beaucoup d'autres filles comme moi puissent recevoir de l'aide et du soutien. Je suis très reconnaissant. Je peux prendre soin de moi maintenant et je peux aller à l’école », dit-elle.
Tous les frais liés à l'éducation, à la santé et aux frais médicaux d'Adjoua pendant et après la grossesse sont pris en charge par SOS Villages d'Enfants depuis qu'elle a rejoint le projet de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants il y a deux ans.
« Si j'avais quitté l'école, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Pour le moment, je ne serais pas à l’école ; Je travaillerais dans les champs », conclut-elle.
Grâce à l'éducation des communautés sur les abus sexuels, l'éducation sexuelle et les dommages à long terme de la violence basée sur le genre, SOS Villages d'Enfants vise à réduire la stigmatisation à laquelle sont confrontées les filles comme Adjoua afin qu'elles puissent avoir espoir quant à leur avenir.
*Nom changé pour protéger la vie privée.