Les rituels familiaux renforcent les liens fraternels en Somalie

Mercredi, Mars 13, 2024
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Sœurs, Sabrina et Fawzia.

Sœurs, Sabrina et Fawzia.

 

Fawzia* était proche de son père. Lorsqu'il est mort subitement dans l'explosion d'une bombe à Mogadiscio, elle a été choquée et écrasée. 

 

Sa mère étant également décédée des suites de complications lors de l'accouchement, Fawzia, 14 ans, et ses cinq frères et sœurs, deux garçons de 10 et 12 ans et trois filles de 15, 16 et 21 ans, se sont tournés les uns vers les autres pour se soutenir et ont créé des rituels familiaux pour aidez-les à faire face à la perte de la protection parentale. 

 

« Quand mon père est mort, je ne pouvais ni dormir ni manger », raconte Fawzia, la plus jeune des quatre filles. Je savais que je ne le reverrais plus jamais. C'était difficile pour moi d'accepter la réalité. Ce matin-là, il nous avait réveillés avant l'aube pour prier. Ensuite, il nous a préparé un bon petit-déjeuner parce que ma sœur aînée [Sabrina] ne se sentait pas bien. Après avoir mangé ensemble, il a dit qu'il devait aller [au travail]. Je l'ai accompagné jusqu'à la porte d'entrée et il m'a dit qu'il reviendrait bientôt. Je l’aimais tellement.  

 

Fawzia admirait sa sœur aînée, Sabrina, pour se réconforter. Même si elle se sentait pressée d’assumer le rôle de parent alors qu’elle était encore en deuil, Sabrina a accepté la responsabilité de garder la famille unie. 

 

« J'ai partagé mes sentiments avec Sabrina, et elle s'est assise patiemment et m'a écoutée », raconte Fawzia. Son amour et son respect m'ont aidé à faire face à la tristesse. Elle est très importante pour moi. Sabrina prend soin de tous les membres de la famille », dit-elle.

 

La nuit précédant sa mort, Sabrina raconte que la famille avait passé beaucoup de temps ensemble, écoutant leur père raconter des histoires amusantes. 

 

« Nous aimons raconter régulièrement ses histoires. Nous parlons de son intégrité, de sa gentillesse et de son amour pour la narration. Nous construisons nos liens sur la relation forte et aimante que notre père a entretenue entre nous.

 

Grandir heureux

 

Fawzia et ses frères et sœurs sont nés dans une région rurale de Somalie. Et même si leurs parents n’avaient pas beaucoup d’argent, ils ont eu une enfance heureuse.  

 

Leurs parents élevaient des chèvres qu'ils vendaient pour gagner de l'argent et subvenir aux besoins de la famille. Les sœurs passaient beaucoup de temps ensemble à s'occuper des chèvres et à s'amuser. Après la mort de leur mère, la famille a vendu ses chèvres et a déménagé à Mogadiscio, la capitale de la Somalie. 

 

« Un autre rituel que nous avons est de dîner ensemble », explique Fawzia. Les dîners de famille « sont un moment pour parler et rire. Nous revisitons les bons souvenirs de notre séjour à la campagne. Nous nous moquions de notre style de vie là-bas et de la façon dont nous jouions en nous occupant des chèvres. Le meilleur, c’est de savoir comment tout le monde va.

 

Aide de SOS Villages d'Enfants

 

La perte des soins parentaux s’est accompagnée de la perte de leurs moyens de subsistance. Pour protéger les enfants et garantir qu'ils ne manquent pas de produits de première nécessité, SOS Villages d'Enfants Somalie a pris en charge les frais de leur éducation, qui comprennent les fournitures scolaires, les frais de scolarité et une allocation de subsistance. Halima*, 16 ans, a reçu une bourse.  

 

Kulow Noor, responsable du développement de l'enfance et de la jeunesse et thérapeute chez SOS Villages d'Enfants, a fourni à Fawzia et à ses frères et sœurs un soutien en matière de santé mentale. Noor dit que le lien et l’amitié entre les frères et sœurs ont favorisé leur résilience et leur ont donné la force de faire face aux difficultés et de survivre.  

 

« Le sentiment d'unité en tant que famille et le soutien qu'ils ont reçu de leurs proches, de leurs voisins et de SOS Villages d'Enfants ont contribué à leur résilience. »

 

« Ce qui me rend heureuse, c'est que nous vivions ensemble, en famille », confie Sabrina. « Certains proches voulaient nous séparer et partager les enfants entre eux, mais j'ai refusé. Je me sens fier quand je vois mes frères et sœurs profiter de la vie ensemble. 

 

Prêt à explorer le monde

 

Fawzia, maintenant en septième année, prépare son avenir. Les mathématiques et les sciences sont ses meilleures matières à l'école.  

 

« Je veux devenir sage-femme pour aider les mères de la communauté à accoucher en toute sécurité. Si ma mère avait reçu une aide professionnelle lors de l'accouchement, elle serait en vie aujourd'hui. Je ne veux pas que d’autres mères souffrent comme elle.

 

Sabrina, cependant, n'arrive pas encore à penser à ses rêves. Elle est déjà diplômée mais souhaite poursuivre ses études pour devenir avocate, mais sa priorité en ce moment est de s'occuper de ses frères et sœurs. En attendant, elle va démarrer une petite entreprise pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle veut qu’ils soient tous de bons citoyens promis à un avenir radieux. 

 

*Les noms ont été modifiés pour protéger la confidentialité. 

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfant, parrainez un village SOS ou faire un don unique. Votre soutien changera la vie des enfants orphelins, abandonnés et autres enfants vulnérables. S'il vous plaît aider aujourd'hui.