Ne pas aller à l'école est la plus grande peur de Jean

jeudi, le 10 février 2022

Jean*, huit ans, ne veut pas manquer l'école comme certains enfants de son quartier.

 

Chaque jour, sur le chemin de l'école, il voit des enfants de son âge, parfois plus jeunes, contraints de travailler dans des conditions dangereuses pour contribuer aux revenus de leur famille.

 

Jean et sa famille vivent dans le bidonville de Buterere, à la périphérie de Bujumbura, la capitale du Burundi. Près de chez lui se trouve une décharge tentaculaire, où la plupart des habitants passent la journée à fouiller dans les ordures, à la recherche de matériaux recyclables à vendre.

 

Les enfants pieds nus bravent la fumée des plastiques en feu et cherchent de la nourriture. Certains enfants de la communauté se sont enfuis de chez eux à la recherche d'une vie meilleure dans les rues de Bujumbura.

 

Jean s'estime chanceux que sa mère, Alima, ne lui ait pas demandé de travailler alors qu'elle ne pouvait pas payer ses frais de scolarité. Il est resté à la maison avec ses trois frères.

 

Alima a cultivé les fermes des gens pour gagner sa vie après la mort de son mari; elle ne pouvait se permettre de nourrir sa famille qu'un seul repas par jour.

 

"Je connais la valeur de l'éducation», explique Alima. "J'espère garder mes enfants à l'école car cela leur donne une chance d'échapper à la pauvreté. »

 

Le Burundi est l'un des cinq pays les plus pauvres du monde selon l'indice de développement humain (PNUD 2020). Plus des deux tiers des enfants burundais vivent dans la pauvreté. Le taux de scolarisation est faible -- sur 5.1 millions d'enfants et d'adolescents d'âge scolaire, environ 1.9 million ne sont pas scolarisés. Bien que l'école au Burundi soit gratuite, les uniformes et les fournitures scolaires ne le sont pas.

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Enfant burundais non scolarisé

Soutien à la famille de Jean

 

Pour faire face à la situation difficile à laquelle Alima était confrontée, la famille a été enrôlée pour rejoindre le programme de renforcement de la famille SOS Villages d'Enfants en 2018. Le service œuvre pour le bien-être des enfants et de leurs familles. Avec du soutien, les familles restent ensemble et les enfants peuvent grandir dans des familles solidaires ; ils ont accès à l'éducation, à la nutrition et aux soins de santé. 

 

Pour que Jean et ses frères puissent retourner à l'école, ils ont reçu l'uniforme scolaire, la papeterie, les cartables et les autres fournitures dont ils avaient besoin.

 

Pour gagner sa vie, Alima a utilisé la subvention qu'elle a reçue pour acheter des sous-vêtements de l'autre côté de la frontière, en République démocratique du Congo (RDC), qu'elle a revendus à Bujumbura.

 

»Avec l'argent que j'ai gagné, j'ai pu donner à mes enfants des repas nutritifs trois fois par jour, et ils ont apporté des collations à l'école. Nous étions très heureux et nous nous sentions vivants», explique Alima.

 

Impacts de la COVID

 

Elle prévoyait de déplacer ses enfants dans un meilleur quartier lorsque le COVID-19 a frappé en mars 2020. La frontière s'est fermée pour freiner la propagation du virus, entraînant une perte de travail pour les commerçants comme Alima.

 

"Mon petit commerce était florissant," elle dit, "mais la fermeture de la frontière burundo-congolaise a gravement blessé nos vies. Je ne pouvais plus m'approvisionner en RDC car je n'avais pas les moyens de payer les coûteux tests COVID requis avant de traverser la frontière. »

 

Bien que le fardeau du COVID-19 sur le Burundi soit resté faible, des mesures drastiques pour atténuer la maladie ont eu un impact important sur la vie des gens, leurs revenus et leurs moyens de subsistance.

 

Avec l'effondrement de l'entreprise de sa mère, Jean a commencé à voir le changement dans son assiette. "Je ne comprenais pas ce qui se passait dans notre famille," il dit. "À un moment donné, j'ai demandé à maman pourquoi nous ne mangions plus de poisson frais et pourquoi elle nous obligeait à manger des aliments que nous n'aimions pas. Je lui ai aussi demandé pourquoi mes frères et moi ne prenions plus de thé le matin avant d'aller à l'école."

 

Alima dit que Jean craignait aussi que le virus l'empêche d'aller à l'école, mais elle l'a rassuré.

 

"Je sais qu'il a peur de finir à la décharge. C'est toujours dans son esprit. Alors, je lui ai dit de ne pas avoir peur. Même quand je n'avais pas d'argent, il continuait ses études car le FSP (programme de renforcement familial) nous soutenait. »

 

Regarder devant avec espoir

 

L'école pour Jean est un lieu de refuge où il peut rêver à sa propre vie et à son avenir. "Je gagnerai beaucoup d'argent quand je deviendrai pilote un jour," il dit, "afin que je puisse aider les enfants de familles pauvres. Je me sens mal pour les enfants de mon quartier qui ne peuvent pas aller à l'école - ils ne peuvent pas réaliser leurs rêves. »

 

FSP a aidé Alima à démarrer une nouvelle entreprise vendant des produits d'épicerie. Les frontières étant maintenant ouvertes, son intention est de retourner à son ancienne activité de vente de vêtements après avoir levé suffisamment de capitaux.

 

*Noms modifiés pour des raisons de confidentialité.

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfant, parrainez un village SOS ou faire un don unique. Votre soutien changera la vie des enfants orphelins, abandonnés et autres enfants vulnérables. S'il vous plaît aider aujourd'hui.