En Éthiopie, une mère ressent la douleur de ne pas pouvoir nourrir ses enfants

Mercredi, Avril 24, 2024
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© Petterik Wiggers 

 

Dans une rue animée d'Iteya, une ville du sud-est de l'Éthiopie, Tsehay, 37 ans, tient un petit restaurant. Le restaurant est l'une des trois entreprises qu'elle possède. De nombreux clients s'y rendent pour prendre un repas ou boire un café. Les compétences culinaires de Tsehay lui ont valu une réputation pour ses plats savoureux et son injera maison, un pain plat traditionnel éthiopien.  

 

Tsehay a parcouru un long chemin depuis que le père de ses trois enfants a déménagé dans une autre ville, les laissant sans soutien financier.  

 

« Le passé a été très difficile. Je ne pouvais pas nourrir mes enfants correctement », explique Tsehay. « Si je leur donnais un petit-déjeuner, il y avait des moments où je ne pouvais pas les nourrir pour le reste de la journée. Je n’avais pas les moyens de leur fournir trois repas par jour.  

 

La mère de trois enfants était à peine capable de subvenir aux besoins de sa famille. Elle n’avait pas d’argent pour créer une entreprise car elle n’avait pas les moyens d’acheter du teff, l’ingrédient principal de l’injera. Au lieu de cela, elle lavait les vêtements des gens ou nettoyait leurs maisons pour quelques birrs éthiopiens. « Ces tâches demandaient beaucoup de main d’œuvre et étaient très peu rémunérées. Ce n'était pas suffisant. Les problèmes financiers affectaient mes enfants », dit Tsehay. 

 

Pauvreté multidimensionnelle des enfants en Éthiopie

 

Selon l'UNICEF, En Éthiopie, 36 millions d’enfants sur 41 millions vivent dans une pauvreté multidimensionnelle. Ces enfants sont gravement privés d’au moins deux des éléments suivants : accès à l’eau, à l’éducation, au logement, aux soins de santé, à une alimentation nutritive et à la protection contre les pratiques néfastes. La pauvreté multidimensionnelle touche les enfants plus fréquemment et plus intensément que les adultes, et ses effets durent souvent toute la vie.  

 

Bien que l'accès à l'éducation publique soit gratuit en Éthiopie, de nombreuses familles n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école en raison de coûts supplémentaires tels que le matériel pédagogique, les uniformes et le transport. Il est choquant de constater que plus de 50 % des enfants éthiopiens âgés de cinq à 17 ans sont privés d’éducation.  

 

« Les problèmes financiers affectaient mes enfants. Pendant un certain temps, ils n’ont pas pu aller à l’école. Aujourd’hui, ils sont de retour à l’école, mais leur âge ne correspond pas aux classes dans lesquelles ils se trouvent. Le fait que je ne puisse pas prendre soin d’eux correctement a affecté ma santé mentale. C'est très douloureux de ne pas pouvoir nourrir ses enfants », dit Tsehay, incapable de cacher la tristesse dans sa voix à propos de cette période de sa vie. 

 

Empêcher les familles de se briser

 

SOS Villages d'Enfants Éthiopie vise à renforcer les familles comme celle de Tsehay grâce à nos programmes de renforcement des familles avec un soutien aux moyens de subsistance, des ateliers parentaux et la couverture des frais d'éducation et d'autres services sociaux. Cela garantit qu’ils bénéficient du soutien nécessaire pour offrir à leurs enfants les liens solides dont ils ont besoin pour un développement sain. 

 

Grâce au programme de sensibilisation communautaire, Tsehay a été approchée par SOS Villages d'Enfants à Iteya. Elle a suivi une formation sur la façon de gagner et d’économiser de l’argent, ainsi que sur la protection et la garde des enfants.  

 

« L'engagement et l'énergie du personnel dans la formation en matière de garde d'enfants et de protection ont été vraiment motivants », déclare Tsehay. « Ils m’ont montré que s’ils peuvent s’occuper de leurs enfants et s’occuper de leur éducation, je peux le faire aussi. Cela m’a vraiment fait passer du statut de désespéré à celui de quelqu’un qui réussit à faire son travail.  

 

Elle a également reçu 100 kg de teff pour créer l’entreprise de boulangerie et le restaurant qu’elle dirige aujourd’hui avec succès.  

 

« Les 100 kg de teff ont été un tournant. J’ai constaté un réel changement dans ma maison lorsque j’ai pu commencer à économiser de l’argent. L’état de ma maison était pire que la situation alimentaire. Nous n’avions pas une seule chaise ni un seul matelas pour nous tous. Je garde toujours le matelas pour me rappeler ces moments difficiles. Maintenant, je peux tout me permettre pour mes enfants.

 

Un modèle dans la communauté

 

Non seulement cette mère de trois enfants s'occupe de ses enfants et dirige trois entreprises prospères, mais elle s'engage également activement dans sa communauté, enseignant aux autres la protection des enfants, l'hygiène et comment gagner et économiser de l'argent.  

 

« Maintenant que je suis dans une situation différente, je veux aider les autres à mettre fin à leur misère. J'y suis allée et j'ai moi-même vécu ces défis », dit-elle. « Lorsque je remplaçais mes articles ménagers, je donnais les anciens à d'autres mères dans le besoin. Je leur enseigne également l'importance d'économiser de l'argent. Je leur dis toujours que l’important n’est pas le montant que vous gagnez, mais plutôt le montant que vous êtes en mesure d’économiser. 

 

Les fils de Tsehay sont très fiers de leur mère et voient à quel point elle travaille dur pour leur offrir un foyer stable. « Ma mère travaille très dur pour que je puisse aller à l'école. Je l'aime beaucoup. Parfois, elle travaille trop, elle devrait ralentir et se reposer. Notre maison est devenue bien meilleure. Nous avons même une télévision maintenant et je peux choisir les chaînes que je regarde », se réjouit son fils Anbassa*, 10 ans.   

 

Tsehay se sent désormais capable de voler de ses propres ailes : « J'ai l'impression que je n'ai plus besoin du soutien de SOS Villages d'Enfants parce que j'ai déjà changé, mes enfants sont de retour à l'école et j'ai un projet pour l'avenir. Je suis convaincu que je vais concrétiser ce plan par moi-même. 

  

« J'ai fait face à de nombreux défis dans ma vie. Je souhaite que mes enfants réussissent leurs études afin qu’ils puissent être indépendants sans les soucis que j’avais. 

 

*Nom changé pour protéger la vie privée.

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfant, parrainez un village SOS ou faire un don unique. Votre soutien changera la vie des enfants orphelins, abandonnés et autres enfants vulnérables. S'il vous plaît aider aujourd'hui.