Nouvelle maison, nouvelle vie

Cela faisait une semaine que Nicole avait commencé à préparer tous les détails. Des cartons étiquetés séparant les affaires de sa famille étaient empilés dans tous les coins de la maison. Mais les grands cartons étaient particuliers, car ils contenaient les jouets de tous les enfants. Bientôt, ils allaient enfin emménager dans les tout nouveaux bâtiments du Village d'Enfants SOS Les Cayes.

Nicole Princivil est maman de neuf enfants, âgés entre 9 et 17 ans. Et, après quatre ans ensemble, c'est la première fois qu'ils apprécieront d'être dans leur propre maison. Nicole et les enfants ne pourraient pas être plus ravis. « Nous sommes heureux parce que dans le village il y a un sens de la communauté et de la famille élargie. L'extérieur n'est pas pareil. Au Village, nous trouvons plus de soutien et nous nous sentons plus en sécurité », dit-elle.

L'histoire de la famille SOS de Nicole a commencé peu après janvier 2010. Suite au violent tremblement de terre qui a dévasté Haïti, près de 400 enfants sont arrivés dans les villages d'enfants SOS de Santo, une province proche de la capitale Port-au-Prince.

« Après le tremblement de terre, il y a eu des problèmes en Haïti. Nous avions des enfants qui vivaient dans la rue parce que leurs parents étaient décédés et certains d'entre eux vivaient dans des situations vraiment critiques », explique-t-elle.

Céligny Darius, directeur national de SOS Villages d'Enfants Haïti, explique : « Le plus grand défi de SOS Villages d'Enfants lors du tremblement de terre a été de trouver un moyen d'accueillir tous les enfants, car le village était trop petit. Ce que nous avons fait, nous avons installé des maisons temporaires pour pouvoir les accueillir.

Dans la mesure du possible, les enfants sont réintégrés dans leur famille d'origine, même si malheureusement, certains ne reverront jamais leurs parents. Sur les 400 enfants arrivés à SOS Villages d'Enfants à Santo, il s'est avéré que 106 enfants étaient orphelins et n'avaient pas de soins parentaux. Parmi ceux qui n'ont pas pu être réunis avec leur famille, 43 sont allés vivre dans deux villages SOS existants en Haïti. Pour le reste, il y avait un projet de construction d'un nouveau Village à la campagne. A titre temporaire, des maisons ont été louées à Port-au-Prince et, par la suite, aux Cayes, pour les abriter jusqu'à la fin de la construction.

Le nouveau Village offrira un nouveau souffle à des enfants comme Charles, qui vient d'avoir 9 ans. Suite au traumatisme du tremblement de terre, les enfants avaient des difficultés à l'école. Charles n'était pas une exception. Sa mère SOS, Nicole, l'a soutenu, accordant une attention supplémentaire à l'enfant et travaillant sur la confiance en soi du garçon. Peu de temps après le tremblement de terre, tout le personnel de SOS a reçu une formation pour améliorer son maniement avec les enfants.

« J'avais l'habitude de dire : ta vie n'est pas finie, même si ton père et ta mère sont morts, tu dois continuer », dit Nicole. Maintenant, Charles réussit bien à l'école. Il explique qu'il aime beaucoup la géographie et « la cuisine de maman ».

Le défi actuel de Nicole est de comprendre les différents types d'attention dont chaque enfant a besoin. Jusqu'à présent, elle est fière de la route qu'ils ont construite ensemble. "C'est un enfant vraiment agréable et très attentionné. Chaque fois que je suis introspectif, il vient et me demande ce qui ne va pas. Je dis 'rien' et puis il demande : 'Tu vas bien ?' » 

Le jour du déménagement, on demande à Charles ce qu'il préfère dans sa nouvelle maison. Il dit que c'est le salon. « Je me sens prêt à entrer dans la maison. J'aime ça parce que c'est grand, c'est beau et ça peut contenir beaucoup de monde. C'est gros. C'est grand, c'est beau », s'exclame-t-il.

Pour Charles, emménager dans les nouvelles installations des Cayes représente l'opportunité de revoir plus souvent ses amis SOS. Ils traînaient ensemble quand il vivait à Santo. Cependant, ce souvenir agréable le relie à la vie difficile qu'ils ont dû endurer en vivant dans des tentes.

Nicole est ravie de cette nouvelle perspective. Depuis trois ans, ils vivaient dans des maisons louées, d'abord à Port-au-Prince puis aux Cayes. Bien que confortable, dit-elle, le logement dans les villes ne permet pas un sentiment de village.

"Ce qui pourrait rendre les enfants plus heureux, c'est de venir au village, de rencontrer des amis plus souvent pour s'amuser, parler et jouer", dit-elle.

Le village d'enfants SOS des Cayes a officiellement ouvert ses portes le 10 janvier 2015.